La pandémie du coronavirus a conduit à des mesures exceptionnelles pour contenir la crise sanitaire, ce qui a plongé l’économie mondiale dans l’une des pires récessions de ces 50 dernières années. Petit survol des principales analyses et prévisions.
Maurice : recul de plus de 7 %
Il y a dix jours, le ministre des Finances et du Développement économique, M. Renganaden Padayachy, posait un premier diagnostic officiel de l’impact du COVID-19 sur l’économie nationale : une décroissance de 7 % à 11 % est à prévoir pour cette année. Les investissements pourraient chuter de 11 % à 18 %. Le chômage risque d’augmenter de 6,7 % pour atteindre la barre des 17,5 %.
Si la crise sanitaire dure, il faudra s’attendre à des suppressions de postes massives, qui entraîneront dans leur sillage un choc social sans précédent. Le gouvernement essaie de limiter le plus possible les dommages collatéraux, notamment à travers le soutien aux salaires étendu au mois d’avril et les prêts bonifiés aux entrepreneurs.
Selon une étude de la firme ACCA à Maurice, 94 % des Business Leaders pensent que la croissance nationale sera négative cette année. Le tourisme, qui contribue entre 23 % et 24 % du produit intérieur brut (PIB) et emploie directement et indirectement plus de 100 000 personnes, est à l’arrêt. Le secteur textile est sous la menace du non renouvellement des commandes. Les petites et moyennes entreprises, les services de restauration et l’industrie du transport ne sont pas mieux lotis.
Le monde : contraction de 3 %
Dans l’édition d’avril 2020 de Perspectives de l’économie mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que le « Grand confinement » devrait entraîner une forte décroissance, soit une contraction de 3 % en 2020 - un recul bien plus marqué que lors de la crise financière de 2008-09. En supposant qu’il y a une atténuation de la pandémie au cours du deuxième semestre de 2020 et un relâchement progressif des efforts d'endiguement, l'économie mondiale devrait croître de 5,8 % en 2021, à mesure que l'activité économique se normaliserait, grâce au soutien des pouvoirs publics.
Cependant, les prévisions de croissance mondiale demeurent extrêmement incertaines en raison principalement de la difficulté de prévoir la durée et la profondeur de la crise sanitaire. Une reprise partielle est prévue pour 2021, avec des taux de croissance supérieurs à la tendance, mais le niveau du PIB restera inférieur à la tendance d'avant l'apparition du virus. La vigueur de la reprise est aussi très incertaine.
Des résultats bien pires sont possibles et peut-être même probables. Il en sera ainsi si la pandémie et l’application de mesures d'endiguement durent plus longtemps, si les pays émergents et les pays en développement sont encore plus sévèrement touchés, si les conditions financières demeurent restrictives ou si des séquelles se font sentir à grande échelle en raison des fermetures d'entreprises et d'un chômage prolongé.

À prévoir : augmentation de la pauvreté
Selon l’Organisation internationale du Travail, le nombre de chômeurs pourrait augmenter de 5,3 millions à 24,7 millions en raison de la crise économique entraînée par le coronavirus – l’impact prévu sur l’emploi est bien pire que celui de la crise financière de 2008. D’après ses estimations, le taux de pauvreté dans le monde devrait augmenter pour la première fois depuis 1990. Si le revenu chute de 5 %, la part de la population mondiale vivant avec moins de 1,9 dollar par jour devrait augmenter de 1 point de pourcentage et la part de la population mondiale vivant avec moins de 3,3 ou moins de 5,5 dollars par jour devrait augmenter de 1,5 à 2 points de pourcentage par rapport aux estimations de 2018.
D’après le scénario le plus pessimiste, celui d’une contraction de 20 % du revenu, la récession mondiale pourrait annuler tous les progrès réalisés au cours de la dernière décennie : le taux de pauvreté augmenterait de 6 à 7 points de pourcentage et le nombre de pauvres dans le monde pourrait croître de 420 à 580 millions de personnes par rapport aux chiffres de 2018. Dans certaines régions du monde, la pauvreté pourrait retrouver des niveaux similaires à ceux d’il y a trois décennies.